promenons-nous dans les facs
pour voir si le virus n’y est pas
Alors les facs (universities et collèges — rien à voir avec nos collèges qui sont ici la middle school, de la 6ème a la 4ème en général) ont repris les cours en personne à marche forcée — bien entendu. Et ce ne sont pas pour des raisons vertueuses, d’enseignement, d’éducation, mais bien pour de pures raisons financières. Le manque à gagner est tel que c’est (encore) une histoire de gros sous — très gros sous. Un étudiant ordinaire qui vient de la classe moyenne et qui ne reçoit pas de sponsorship sportif est endetté à vie la plupart du temps pour se payer ses études universitaires, même un simple master. On parle d’un coût d’études en plusieurs dizaines de milliers de dollars et cela ne comprend pas le logement ni les livres et autres matériels bien entendu. Encore plus dans les universités les plus prestigieuses, le coût augmente avec le prestige — lié la plupart du temps au renom et aux victoires de leurs équipes sportives étudiantes et non pas au renom et à la qualification des enseignants et chercheurs. Elles sont parfois excellentes, je ne veux pas dire que les enseignants et chercheurs sont nécessairement médiocres, mais ce n’est pas le critère de la notoriété et de l’attractivité des universités, y compris des plus prestigieuses.
Les facs et les universités sont avides de cette manne de cotisations, loyers et autres frais annexes payés par les étudiants et pas prêtes du tout à y renoncer. Ce qui pose un problème —financier — de taille si les cours sont faits en ligne et à distance : les étudiants rechignent à payer cette fortune pour « seulement » un enseignement virtuel sans présence physique et se tournent vers d’autres universités voire d’autres pays moins chers, etc.
Le but pour toutes ces universités est de faire revenir à marche forcée les étudiants sur campus. Il faut savoir que le but des universités et collèges c’est aussi de brasser et d’attirer des étudiants d’autres états. Un but d’enseignement ? Que nenni, le seul but c’est de « faire du fric » et « à tout prix ». Bref les universités et facs sont des « businesses » comme les autres et cherchent à attirer le client et sont en concurrence les unes avec les autres comme de simples magasins de vêtements ou fast foods. Des batailles de chiffonniers… mais pas pour des prix de chiffonniers.
Depuis un bon mois, depuis la mi à fin août on fait venir ou revenir les étudiants sur les campus en leur « assurant » des cours en présence physique. Les étudiants se rassemblent de fait, il y a les « dorms » les logements étudiants sur campus où les étudiants partagent leur chambre à 2 ou à 3, le plus souvent c’est 2, mais sans toilettes… les salles de bain et toilettes sont communes. En outre certaines fois ils font les cons et des grandes fiestas, certaines fois même pas, le simple rassemblement sur campus, dans les dorms, dans les salles de bain communes, dans les amphis, les salles de classe. Il suffit d’un, n’est-ce pas, et voilà un foyer épidémique qui est lancé joyeusement.
Et puis quoi ? Une fois le foyer épidémique bien démarré (avec certaines fois des centaines d’étudiants contaminés dans un seul campus, le 9 septembre d’après un article du New York Times ils étaient déjà plusieurs milliers), il faudrait fermer : non, si possible, non, à tout prix ne pas fermer !Donc on renvoie les étudiants positifs au Covid-19, avec ou sans symptômes, mais positifs, malades ou pas malades chez eux, certains bien malades qui tiennent à peine sur leurs jambes. Vous ne voudriez pas qu’on les confine sur campus en plus ? Ce n’est pas l’assistance publique ici, mais un business bien juteux. Et on veut éviter que ces étudiants positifs contaminent les autres, il faut surtout qu’on puisse continuer à laisser l’université ou le campus ouvert.
On les renvoie chez eux maintenant qu’ils ont eu la mauvaise idée d’attraper le virus (et d’attirer l’attention des infectiologues et épidémiologistes voire des autorités de santé publique sur telle ou telle université). Chez eux c’est partout aux États-Unis, c’est dans un des 50 états. Donc un foyer localisé dans une université ou un campus est ainsi dispersé allègrement et méthodiquement partout sur le territoire américain. D’autant plus qu’un étudiant quand il rentre « chez lui », il rentre en général chez ses parents / grands-parents et. Certains habitent aussi dans des zones rurales plus épargnées par la contagion — plus pour longtemps donc. Surtout quand ces zones de moindre densité de population ont aussi une moindre densité d’hôpitaux et cliniques, avec moins de lits de soins intensifs ou de réanimation, si même il y en a.
C’est ainsi que l’on construit une catastrophe épidémiologique de toute pièce, qui se rajoute à la catastrophe épidémiologique déjà existante. On en rajoute une grosse louche que l’on aurait pu éviter — n’était l’avidité et la cupidité des rapaces humains.
Aujourd’hui on ne peut plus dire qu’on ne sait pas, les scientifiques, épidémiologistes, infectiologues commencent à avoir une meilleure vision de la dynamique de propagation de ce virus même s’il reste encore grandement inconnu. Ces scientifiques sont désespérés par ces mesures et ces façons de faire — hautement discutables du point de vue moral — qui sont une pure absurdité médicale : c’est la pire chose à faire durant une pandémie et notre pandémie si féroce.
Le bon sens paysan qui est le mien me dit la même chose, renvoyer des étudiants qui se sont brassés, se sont infectés mutuellement dans tout le pays et, pire encore, dans des petites communautés isolées qui ont eu par leur isolement la chance d’être peu ou prou épargnées est une catastrophe à double titre quand ces régions peu peuplées et isolées sont aussi moins bien équipées en hôpitaux et centres de soin, médecins, etc. Certaines fois l’hôpital à même de prendre en charge des patients Covid-19 gravement atteints est à plusieurs heures de route.
Dans notre tri-state (New Jersey, New York state et Connecticut) je ne sais pas le détail de la situation. Il y a trop d’universités et collèges pour le savoir, il faudrait regarder chacun. Ils sont autorisés à rouvrir, mais peuvent choisir de se tourner vers un maximum d’enseignement en ligne et de limiter l’enseignement en présence physique le plus possible. J’ai vu que la NYU (New York University) par exemple fait tester systématiquement ses étudiants qui arrivent d’autres états, deux fois, une fois dans les 24 heures de l’arrivée puis encore une fois 7 à 10 jours plus tard), ils sont soumis aussi à une quarantaine obligatoire de fait, avant tout résultat de test.
Ce qui est en phase avec le reste des restrictions de déplacements et voyages vers notre tri-state : nous avons des quarantaines obligatoires de 14 jours pour tous les voyageurs venant de 30 à 35 états (y compris les résidents du tris-stade qui reviennent de voyage dans l’un de ces états ). Le nombre d’états sur la liste de quarantaine fluctue entre 30 et 35, selon les pics épidémiques, les taux de positivités et autres indicateurs de circulation du virus dans les autres états américains. Il faut noter que cela représente donc entre 30 et 35 états sur un total de 47 autres états plus Washington DC. Il y a 50 états (plus DC), mais les 3 états du tri-state sont dirigés de façons synchrones quant aux restrictions et toutes choses relatives au Covid-10. Ce qui représente selon les semaines des restrictions de déplacements vers notre tri-state pour les 3/4 (75%) des autres états américains.